Professeur titulaire au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage
Marie-Claude est née à Forcalquier, commune française d’environ 5000 habitants située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Son passage y sera bref, puisque la famille retourne s’installer au Mexique lorsqu’elle est âgée de quelques semaines. L’histoire d’amour de ses ancêtres pour ce pays ensoleillé débute avec son arrière-arrière-grand-père paternel, qui partit en bateau puis à dos de mulet au milieu du 19e siècle pour explorer le Mexique et trouver un nouvel horizon économique dans le commerce, puis dans l’industrie dans le domaine textile. Sa grand-mère paternelle est d’ailleurs née au Mexique de deux parents français, à cette époque où la longue traversée en mer durait des semaines. Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque son père Guy Bernard avait l’âge de passer son baccalauréat français, la famille décida de partir au Mexique, à Guadalajara, une ville située dans l’ouest du pays, où la lignée du grand-père maternel avait réalisé des affaires économiques prospères. Environ 10 ans après, lorsque la famille voulut retourner en France, Guy décida de rester : il y avait fait la connaissance d’une charmante Mexicaine, Esperanza Medina, qu’il prit comme épouse. Marie-Claude me parle avec fierté de ses origines franco-mexicaines, de ses 3 sœurs et 3 frères et de sa langue maternelle, l’espagnol. Elle débute sa scolarité dans un collège privé francophone, puis poursuit au secondaire dans une école mexicaine. C’est une enfant sociable, enjouée, qui aime apprendre et répondre aux exigences des enseignants. Elle me confie en riant qu’elle a toujours été la bonne deuxième de classe.
L’été de ses 6 ans, elle prend l’avion pour aller passer ses vacances scolaires avec ses grands-parents paternels. Un choc pour cette petite fille qui entame ce long voyage sans ses parents ni ses frères et sœurs. C’est une tradition dans la famille Bernard-Medina qui permet à chacun des enfants, à tour de rôle, de créer des liens avec leurs grands-parents et de s’imprégner de la culture française. Une déchirure intense aussi que de réaliser la distance qui sépare les deux familles. Son arrière-grand-père Bernard a par ailleurs été le premier médecin de Forcalquier et une rue conduisant à l’hôpital porte même son nom. Marie-Claude pense suivre les traces de son grand-père, également médecin, mais réalise que l’odeur des hôpitaux, le sang, la détresse et la souffrance ne sont pas pour elle. Elle écrira une lettre à son grand-père pour lui expliquer sa décision et il la félicitera d’avoir écouté son cœur. Elle désire toujours aider les gens, mais cherche une voie différente de la médecine. Elle adore les sciences sociales et humaines. Après son parcours collégial en sciences et humanités, elle assiste à une retraite en orientation où elle prend conscience des grands besoins sociaux et en éducation présents au Mexique. L’écart entre les riches et les pauvres marque l’adolescente qui décide de s’inscrire au baccalauréat en psychologie de l’éducation. Elle veut aider en amont et réalise avec force qu’elle peut changer des vies!
Marie-Claude termine le 1er cycle et débute une maîtrise en développement cognitif. Elle travaillera en psychopédagogie pendant près de 15 ans et plus particulièrement dans l’enseignement au secondaire. Elle devient maman de deux beaux enfants. La famille s’installe par la suite en banlieue de Paris, Marie-Claude entreprend un doctorat en cotutelle avec l’Université Laval. Elle me parle avec admiration de Marie Larochelle, professeure émérite dont elle a lu les ouvrages, qui sera sa directrice de thèse au Québec, puis de Michel Caillot qui sera aussi un homme important dans la réalisation de son doctorat à Paris. Tout un défi personnel pour cette mère monoparentale qui décide de venir s’établir au Québec avec deux enfants pour poursuivre ses études. L’hiver 2003 sera marquant avec leur arrivée pour la toute première fois en sol québécois. Son fils affectionne le Québec, sa fille trouvera le premier hiver assez ardu. Les enfants s’adaptent rapidement à cette nouvelle culture. Marie-Claude me confie qu’elle a retrouvé au Québec une partie de la chaleur de la culture mexicaine et le bonheur de la langue française. Comme la pointe du triangle créant le lien avec la France et le Mexique, entre ses deux cultures apparaît cette troisième d’adoption.
Un moment marquant : sa soutenance de thèse par une magnifique journée de septembre en 2008. C’est un énorme accomplissement pour celle qui démontre une force tranquille et une grande résilience. Suzanne Vincent est une figure importante de son arrivée à l’Université Laval. Tout comme Diane Dion-Tessier qui l’aidera énormément dans ses démarches de thèse et dans sa compréhension des règles différentes entre Paris et Québec. Hélène Makdissi, professeure du même Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage, et Florence Piron, professeure au Département de communications, seront pour elle un exemple de générosité; elles lui transmettront l’authenticité et l’importance de rester intègre et simple en tant que chercheuse, professeure et intellectuelle. Avec Florence, elle s’est impliquée dans le programme Accès savoirs, un service de rapprochement entre la formation universitaire et la communauté. Il offre des occasions de développer un sens du service à la collectivité et de l’engagement citoyen chez les étudiantes et étudiants de l’Université Laval. Thérèse Laferrière la marquera aussi avec sa grande générosité, sa façon collaborative de travailler et la confiance qu’elle lui accordera. Tant de femmes de cœur qui l’ont fait sentir chez elle à son arrivée.
La grande voyageuse aura le plaisir d’aller enseigner en Afrique en 2009 et en 2011 grâce au professeur Jacques Désautels, qu’elle apprécie aussi énormément. Elle y donnera des cours intensifs de quelques semaines, au Gabon et au Cameroun, dans le cadre de programmes de coopération organisés par Jacques. En 2011, elle obtient un poste à l’Université Laval, puis en juin 2021, le titre de professeure titulaire. Que de chemin parcouru pour la petite fille franco-mexicaine! Entre deux projets, elle m’avoue adorer les plantes, héritage de sa famille mexicaine, les magnifiques paysages à la mer ou en montagne et les longues promenades près du fleuve. La Plage-Jacques-Cartier est un lieu qu’elle adore particulièrement.
Merci, Marie-Claude, pour cette magnifique promenade virtuelle entre la France et le Mexique!
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