Entrevue et rédaction : Katie Lepage, directrice du développement philanthropique de la Bibliothèque de l’Université Laval
Par une belle journée d’hiver ensoleillée, j’ai rendez-vous avec une femme pétillante et drôlement intéressante. Nous avions eu la chance de nous croiser à deux reprises plus tôt cette année, mais le contexte ne permettait pas une conversation en profondeur. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé Anne-Marie Duchesneau, bibliothécaire spécialisée en sciences et génie. Je vous jure, cette personne est tout sauf beige ! Et nous avons eu beaucoup de plaisir à échanger sur son travail, son enfance et ses intérêts.
Difficile de résumer une telle rencontre, car Anne-Marie a assurément une vie bien remplie. Au cours de notre conversation, j’ai par exemple appris qu’elle entretient toujours des liens d’amitié avec une femme rencontrée durant sa jeunesse et qui habite maintenant Granby, en Estrie. Les deux amies ont trouvé un moyen très astucieux de garder contact. Chaque semaine, le même jour à la même heure, elles se téléphonent puis partent marcher, chacune dans sa ville respective, pour une durée d’au moins une heure. Je suis bouche bée devant cette idée vraiment géniale. Car Anne-Marie est une amie fidèle qui a à cœur les relations humaines solides et authentiques. Ceci m’amène à aborder avec elle le sujet du bénévolat. J’ai entendu à travers les branches qu’elle s’implique beaucoup. Non seulement elle travaille toute la semaine à la Bibliothèque de l’Université Laval, mais elle se dévoue durant ses temps libres pour la bibliothèque de sa ville. On peut affirmer que cette organisation est vraiment choyée d’avoir une bénévole aussi engagée dans son équipe. Une ressource généreuse et compétente, c’est le moins que l’on puisse dire!
J’aborde ensuite un sujet plus personnel avec Anne-Marie : son enfance. Ses yeux pétillent lorsqu’elle me confie avoir eu une enfance heureuse à Longueuil. Une famille tissée serrée, aimante et rassurante qui aura été présente lorsque les choses allaient un peu moins bien avec les camarades de classe pas toujours commodes… Disons les choses comme elles sont, les enfants ne sont pas toujours gentils entre eux et il faut parfois jouer du coude pour se faire accepter. Chose qu’Anne-Marie ne savait pas nécessairement faire au primaire, car elle prônait déjà la non-violence et le respect, malgré son jeune âge.
Dotée d’un excellent sens de l’humour, d’un optimisme hors du commun et d’une vivacité d’esprit, elle fera son p’tit bonhomme de chemin et trouvera sa place dans un groupe ayant des intérêts communs. Un groupe qui se passionne pour la danse, la langue et les jeux japonais. Elle séjournera d’ailleurs à deux reprises dans ce pays asiatique qu’elle décrit comme un endroit tout à fait captivant. Elle souligne également la politesse du peuple japonais, sa fierté, son respect des autres et des traditions ancestrales. Les gens qu’elle a rencontrés dans ce pays et la beauté des lieux visités l’ont indéniablement émue. Elle parle d’ailleurs abondamment des différences linguistiques et culturelles entre le Japon et la Chine, ainsi que de celles du Québec, de la France et des pays anglo-saxons.
Curieuse et aventurière, Anne-Marie a même eu le privilège d’étudier à l’Université Paris-Sorbonne. D’ailleurs, elle me raconte son parcours scolaire plutôt atypique. Au départ, elle voulait devenir pharmacienne. Après des études en sciences de la nature au Cégep Édouard-Montpetit, puis un certificat en langues et culture asiatique, elle a finalement décidé d’effectuer un baccalauréat en histoire de l’art à l’UQÀM. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours aimé les arts. C’est d’ailleurs grâce à ce domaine qu’elle a vraiment découvert ce qu’est, à proprement parler, la recherche. Elle y a appris notamment à utiliser et à exploiter les diverses techniques à travers la créativité et l’exploration. Par la suite, elle a opté pour les études bouddhiques japonaises, au niveau de la maîtrise. Puis, elle a finalement décidé de poursuivre ses études de 2e cycle en sciences de l’information à l’Université de Montréal. Vous ai-je parlé des bourses qu’elle a reçues? Eh bien oui, Anne-Marie a eu le privilège d’aller étudier à l’étranger grâce à deux bourses qui lui ont été octroyées. C’est donc dire qu’elle réalise au plus haut point combien les bourses d’études sont très importantes pour assurer la tranquillité d’esprit sur le plan financier des étudiantes et des étudiants de l’Université Laval.
Quelque chose me chicote. Qu’a-t-il bien pu se produire pour qu’Anne-Marie soit aussi à l’aise avec les gens, aimable et expressive? Dans ma tête, les bibliothécaires sont des gens plutôt introvertis, calmes, discrets et de nature analytique. Anne-Marie m’explique alors avoir passé tous ses étés sur l’île Sainte-Hélène, au parc Jean-Drapeau, en costume d’époque, et avoir échangé avec aisance auprès des nombreux visiteurs du Musée Stewart. C’est dans ce rôle qu’elle a donc développé son côté explorateur, sa curiosité et sa sociabilité. Elle m’en parle avec passion. Son sourire est immense et ses yeux brillent. Comme ses grands-parents, ses parents, ses oncles, son frère (et même son amie de Granby) ont tous travaillé au parc Jean-Drapeau, il était tout à fait normal qu’elle y ait passé un si grand nombre d’années. Enfin, elle y a fait ses débuts en tant que « la fille de », courant un peu partout et jouant dans ce magnifique parc qui lui a servi de terrain de jeux durant de nombreuses années. Puis, par la suite, elle est devenue employée. Mais pas n’importe laquelle. Imaginez ce petit bout de femme, âgée de 14 ans à peine, avec sa meilleure amie et tenant commerce. Oui, oui, un commerce! En fait, pour être plus précise, Anne-Marie et son amie avaient créé un petit comptoir-lunch et offraient divers produits qu’elles avaient réussi à négocier auprès d’un traiteur et d’une épicerie locale afin de pouvoir sustenter adéquatement les touristes et les employés. Une excellente idée qui lui a permis d’élargir ses connaissances, de développer sa débrouillardise, son côté entrepreneurial ainsi que son calcul mental. Elle a d’ailleurs grandement amélioré son anglais et a même appris un peu d’espagnol, pour mieux accueillir les visiteurs. Nul doute que ces apprentissages lui rendent un très grand service aujourd’hui dans ses tâches quotidiennes de bibliothécaire. Elle me dit à la blague: «Nous ne sommes pas toujours en cardigan et coiffées d’un chignon tu sais!». Je vous l’ai déjà dit, elle est colorée Anne-Marie.
Au fil de notre conversation, je me rends compte que j’ai devant moi une femme passionnée par la vie, par les êtres vivants et par «l’autre». Une fille humaine, quoi! Le don de soi fait assurément partie intégrante de sa vie. Les mots «redonner, faire bénéficier, faire une différence et encourager» reviennent à plusieurs reprises durant notre échange. Anne-Marie a également une conscience écologique développée et dit ne pas trouver compliqué de négocier ses déplacements avec une seule voiture malgré le fait qu’elle habite à plus de 50 kilomètres de son travail. Perspicace, elle a même déniché un service de transport qui part d’aussi loin que Saint-Ferréol-les-Neiges et qui se rend jusqu’à Sainte-Foy. Elle est donc très fière de l’utiliser chaque fois qu’elle vient en ville. Je l’admire car, pour être honnête, c’est une avenue que je n’ai pas encore explorée ni même envisagée.
Lorsque je lui demande pourquoi elle semble aimer autant l’Université Laval, ce qui est assez rare pour une personne née dans la grande région de Montréal et qui y a étudié toute sa vie, elle me répond tout simplement avoir reçu un accueil tellement chaleureux de la part de sa directrice de l’époque et de ses collègues, à son arrivée, il y a plus de quatre ans. Elle a donc choisi de donner ICI, à l’Université Laval, sa nouvelle demeure, plutôt qu’aux autres établissements qui l’ont pourtant formée. C’est donc vous dire à quel point elle a développé un sentiment d’appartenance très fort à notre communauté universitaire. Pour elle, il est primordial de faire circuler l’abondance et c’est en s’impliquant auprès de diverses causes qu’elle se sent vraiment utile. Non seulement elle contribue chaque année aux campagnes de Centraide, Oxfam Québec, celle des Nations Unies (pour un projet d’accès à l’eau potable), celle de Le Nichoir (pour les oiseaux sauvages blessés), Anne-Marie contribue également dans huit fonds de l’Université Laval. Vous avez bien lu, huit fonds différents. Et c’est sans compter les projets, associations et initiatives étudiantes (ex.: IGEM, AESGUL, etc.) qu’elle encourage financièrement, lorsque c’est possible. Que voulez-vous, elle est généreuse, impliquée et dévouée, la belle Anne-Marie.
Nous n’avons pas vu le temps passer et c’est déjà l’heure de nous quitter. Franchement, c’est le soleil qui descend en cette fin d’après-midi hivernale qui nous fait réaliser qu’il est grand temps de filer. Nous partons presque à regret. Merci pour ta confiance et pour cette rencontre authentique remplie de rires. Ce fut un réel plaisir d’apprendre à te découvrir Anne-Marie!