Pour ce premier portrait d’un membre de la belle équipe de la Faculté des sciences de l’éducation, j’ai eu la chance de discuter avec un homme au parcours inspirant, Monsieur Abdoulaye Anne, qui m’a ouvert les pages de son histoire avec beaucoup d’authenticité.
Abdoulaye est né à Dakar, dans la capitale du Sénégal, en Afrique occidentale. Cette ville portuaire sur l’océan Atlantique se trouve sur la presqu’île du Cap-Vert. Il est l’aîné d’une famille de six enfants, avec deux frères et trois sœurs. Il m’a parlé avec respect de son père, cadre de la fonction publique sénégalaise, qui a fait voyager la famille dans de nombreuses régions du Sénégal durant une grande partie de son enfance. Chaque été, la famille revenait à Dakar chez le grand-père maternel, un menuisier prospère, pour profiter des vacances estivales. Quel bonheur de retrouver ses cousins et cousines avec qui il adorait jouer au soccer et aller à la mer (en cachette)! Le sourire dans les yeux, il m’a confié que sa maman avait bien peur de les laisser aller près de l’eau; leurs escapades secrètes ne devaient pas rester bien mystérieuses en les voyant revenir couverts de sable blanc des pieds à la tête…
Abdoulaye était un enfant assez doué qui aimait l’école et qui s’est engagé très jeune dans différents comités et associations étudiantes, et ce, durant tout son parcours académique. Son père, passionné de lecture, a une grande influence positive sur lui. Il se souvient avec nostalgie de cette magnifique collection d’impressionnants volumes sur l’histoire de l’Afrique que son père avait commandé à l’obtention de son premier emploi de professeur d’histoire, en début de carrière professionnelle. À cette époque, il était un des rares professeurs sénégalais qui enseignait au Lycée dans la ville de St-Louis du Sénégal, la plupart venant de France.
J’étais curieuse d’en apprendre plus sur les gens qui ont marqué sa vie et sa carrière. Lui qui rêva longtemps de devenir médecin militaire, me confia que ce n’est qu’à la fin du collège qu’il commença à envisager une carrière dans l’enseignement. Abdoulaye termine un baccalauréat en sociologie à l’Université de Dakar, puis décide de poursuivre avec une maîtrise dans le même domaine, en France cette fois-ci. Au sujet des personnes qui ont marqué sa vie, il me parle de cet enseignant terrorisant qui l’a traumatisé, vers l’âge de 6 ans, par sa dureté. Puis, avec douceur, d’autres rencontres avec des enseignantes et des enseignants tellement inspirantes et inspirants, dont celle particulièrement importante, en 2004, avec le professeur émérite Claude Lessard lors d’un congrès mondial d’éducation comparée à La Havane. Claude sème en lui l’idée de venir faire une thèse de doctorat à l’Université de Montréal où un cousin proche était justement aux études doctorales. Abdoulaye rappellera Claude deux ans plus tard pour accepter son offre. Il deviendra son directeur de thèse et, aussi, un pilier marquant qui l’accueillera avec chaleur dans notre belle province malgré le souvenir du pincement glacial de son premier hiver québécois parmi nous. Il lui rappellera, à l’occasion, « de manger l’éléphant une bouchée à la fois ». Le calme légendaire de ce mentor l’aidera grandement à s’adapter et à évoluer durant les dernières années.
Abdoulaye est, par ailleurs, rempli de fierté lorsqu’il me parle des messages qu’il reçoit de plus en plus souvent de la part d’étudiants sénégalais qui décident de venir étudier à l’Université Laval. Il se pince encore et est rempli de gratitude d’être maintenant professeur et, depuis peu, Directeur du département des fondements et pratiques en éducation dans une prestigieuse université canadienne. Il m’avoue que la philanthropie a pris une place importante dans sa vie avec son engagement, dès l’université, dans une association, Espoir sans Frontières, venant en aide aux enfants de la rue au Sénégal. Redonner au suivant est une devise pour lui. C’est une façon de participer, à son échelle, à contrer les inégalités et les aléas de la vie.
Marié à une ravissante, aimante et compréhensive compatriote pendant ses études en France et papa de trois amours, il a conservé sa passion d’enfance pour le soccer et agit maintenant comme entraîneur adjoint pour le club des Phénix des Rivières. Il adore également jouer au scrabble et a même fait de nombreux tournois durant son parcours scolaire. Il est aussi passionné de photographie et trouve dans les choses simples la beauté sur laquelle le regard oublie souvent de s’attarder. Il me confie que les paysages de Charlevoix, en été, lui rappellent les verts paysages du sud de son Sénégal.
En terminant, cette heure passée en sa compagnie m’a profondément marquée par le chemin parcouru entre Dakar, Nice, Montréal puis Québec de cet homme au regard vif. Merci, Abdoulaye, pour ce voyage dans votre vie et votre pays!
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