Benny Rigaux-Bricmont et Jill Byrne forment un couple uni par la passion de la musique. Ensemble, ils ont réalisé un engagement philanthropique majeur envers la Faculté de musique de l’Université Laval, devenant les 59e membres du programme Les Cent-Associés. Par ce geste d’une immense générosité, Benny et Jill souhaitent faire rayonner cet art sur le campus et assurer la pérennité de notre richesse culturelle universitaire.
Alors qu’il termine son doctorat en sciences économiques appliquées à l’Université catholique de Louvain, Benny Rigaux-Bricmont s’oriente vers le marketing pour amorcer sa carrière universitaire, malgré un intérêt davantage porté vers les ressources humaines. C’est l’ouverture d’un poste d’assistant auprès du professeur Jean-Jacques Lambin, au Centre de recherches socio-économiques sur la publicité et le marketing, qui lui fait prendre cette voie inattendue. « En plus des ressources humaines, j’aimais beaucoup les méthodes quantitatives. J’ai donc choisi une carrière non conventionnelle en marketing, en utilisant le comportement humain comme champs d’application de ces méthodes », se souvient-il.
Après 10 ans au Centre, M. Rigaux-Bricmont se voit offrir plusieurs opportunités d’enseignement hors de sa Belgique natale. C’est finalement l’Université Laval qui retient son attention, grâce à son programme novateur de troisième cycle en sciences de l’administration, fondé par le frère Alfred Houle dans les années 70. « Cet homme a été absolument instrumental pour la Faculté, car c’était à l’époque un des rares programmes de doctorat en administration. J’ai pris un train qui passait », explique-t-il à propos de son arrivée à Québec en 1979.
S’ensuivra une remarquable carrière de 45 ans comme professeur au Département de marketing, dont les travaux de recherche couvriront de vastes domaines comme les décisions de consommation des adolescents, l’impact de la publicité en matière de mode féminine et le potentiel de la vie virtuelle comme aide à la détresse psychologique. M. Rigaux-Bricmont a pris sa retraite en 2024, mais restera professeur associé à FSA ULaval jusqu’en 2026.
De mélomane à philanthrope
C’est en 1970, installé à Philadelphie pour une maîtrise à l’Université de Pennsylvanie, que Benny rencontre sa femme Jill Byrne, l’amour de sa vie. Plus précisément à la Maison internationale, un endroit où les étudiants locaux comme elle se mélangent avec des jeunes d’un peu partout dans le monde. Elle confie : « Je suis américaine, née en Suisse dans une famille de diplomates. Nous avons beaucoup voyagé, puis nous sommes revenus aux États-Unis. À l’université, je préférais côtoyer les étudiants internationaux, car c’est ce que j’avais connu dans ma jeunesse. »
Jill Byrne travaille ensuite en urbanisme et réalise des projets dans plusieurs états, axés sur la relation entre les parcs urbains et la population. Du métro de Washington aux espaces verts de Boston, elle vit avec un esprit d’ouverture et de mobilité qui la prépare à suivre Benny lorsque viendra le temps de choisir le Québec et l’Université Laval comme port d’attache.
Malgré la retraite, Benny perpétue son lien avec l’Université et, avec Jill, a récemment offert un généreux don à la Faculté de musique. « Nous partageons un amour extraordinaire pour cet art. Je demeure un inconditionnel de musique baroque, Bach et surtout Vivaldi, autant que de la belle époque du jazz des années 1960 », raconte M. Rigaux-Bricmont.
Tout au long de ses années passées sur le campus, il se rend régulièrement au pavillon Louis-Jacques-Casault pour assister à des cours, représentations et spectacles, si bien que certains finissent par le prendre pour un professeur de musique. « J’ai découvert des gens extraordinaires à la Faculté, mais j’ai aussi réalisé qu’on était parfois seulement 30, 40 personnes dans la salle Henri-Gagnon à écouter des créations d’une immense qualité. J’avais l’impression qu’on pouvait davantage valoriser cette richesse que nous avons, et notre don va en ce sens », ajoute-t-il.
Aux dires de Benny, c’est aussi la générosité naturelle de Jill qui l’a poussé à concrétiser cet engagement : « Elle a toujours fait de la philanthropie non pas dans le sens classique du terme, mais par son implication auprès des gens. Elle possède une générosité de cœur, un don de soi, une empathie qui ne s’apprend pas et que le monde reconnaît partout où elle va. »
Pour le couple, ce don s’inscrit dans une volonté de valoriser la musique à l’Université, de faire connaître les talents d’ici et l’offre artistique bouillonnante qui s’y déploie, pour que chacune et chacun se l’approprie. « Notre engagement demeure ouvert quant à l’usage des sommes, car nous avons confiance en la Faculté, admet Jill. Que ce soit pour des bourses d’études, pour inviter des artistes en résidence ou encore offrir un accès gratuit à des concerts publics, nous espérons que notre don fera vivre la musique à l’Université Laval encore longtemps. »
L’éducation au-devant des changements de société
Si pour sa part, M. Rigaux-Bricmont s’interroge sur l’avenir des universités dans un monde en bouleversement, il se considère comme un optimiste et croit profondément au pouvoir de l’éducation supérieure pour guider l’avancée des hommes : « Je ne sais pas de quoi sera faite la vie des gens de demain, mais j’ai confiance en l’intelligence humaine, je crois qu’ils pourront être débrouillards et trouver des solutions, comme nous l’avons toujours fait. »
Il avance ainsi que toute transformation à venir contiendra le germe de l’humanité, et que la musique en est le plus éloquent exemple. « La musique, c’est l’héritage de milliers de générations, dit-il. Dès le départ, il y a un type dans la forêt qui a commencé à frapper avec un os sur un rocher. Le bruit se transfigure en rythme et c’est le début de ce que nous connaissons aujourd’hui, lorsque nous apprécions une mélodie dans notre salon ou partageons à plusieurs la joie d’un spectacle en salle. »
À ses côtés, Jill croit aussi que dans toutes les sociétés, la musique a eu son rôle à jouer jusqu’à raconter aujourd’hui l’extraordinaire histoire de l’humanité. Peut-être en cela rejoint-elle l’éducation comme moteur d’évolution et comme essence de ce que nous sommes face à un monde en perpétuel changement.
