Diplômée du baccalauréat en travail social, Béatrice Turcotte Ouellet est animée d’un grand désir de justice sociale. Cette vision se trouve au cœur de la mission de l’organisme Le Diplôme avant la Médaille (DAM), qui encourage la persévérance et la réussite scolaires des jeunes à risque de décrochage en utilisant le sport comme levier d’intervention.
Béatrice est passionnée par le basketball depuis son enfance, mais une blessure lui impose un repos forcé. Elle continue toutefois d’alimenter sa passion en tant qu’entraîneuse, à l’école secondaire Vanier.
À l’époque, le taux de décrochage de l’école se trouvait parmi les plus élevés au Québec. C’est en ouvrant le gymnase aux jeunes de tous les niveaux qu’elle fut confrontée à cette réalité. «Je leur ai demandé de se placer selon le niveau de secondaire qu’ils étaient afin de déterminer les catégories que nous pourrions faire. L’un d’entre eux m’a demandé s’ils devaient se placer selon leur niveau de secondaire actuel, ou celui dans lequel ils devraient être. Je leur ai demandé de se placer selon les deux méthodes, et c’est là que j’ai constaté que la moitié des jeunes dans le gymnase avaient au moins redoublé une année scolaire», se rappelle Béatrice.
L’inspiration de Coach Carter comme modèle de persévérance
Touchée par la réalité de ces jeunes, l’initiative derrière DAM commence à germer chez Béatrice, alors âgée de 18 ans. À ses yeux, il est inconcevable que ces jeunes garçons et ces jeunes filles, qui ont presque le même âge qu’elle, n’aient pas les mêmes possibilités d’avenir qu’elle en raison de leurs difficultés scolaires.
Dotée d’une vision créative, elle propose, en 2012, une initiative qui charme la direction de l’école. «J’ai repensé au film Coach Carter, qui m’avait beaucoup marquée quand j’étais plus jeune, raconte-t-elle. Je me suis dit que j’allais m’en inspirer pour montrer un programme de réussite scolaire par le sport.»
Quand la fibre entrepreneuriale rejoint le travail social
Bien que novatrice, cette formule représentait un défi de taille pour Béatrice, alors étudiante au Cégep, se souvient-elle. «Cette année a été particulièrement difficile, car c’était exigeant d’implanter ce type de projet bénévolement et à temps partiel, mais c’était également très enrichissant. Mes interventions directes avec des jeunes en difficulté m’ont amenée à m’inscrire au baccalauréat en service social l’année suivante, à l’Université Laval.»
Lors de sa troisième année d’université, au cours d’un stage à temps plein, Béatrice se rend à l’évidence que le manque de temps était un frein au déploiement de son projet et à l’impact qu’elle souhaitait avoir auprès des jeunes. Elle finalise donc ses études à temps partiel et s’inscrit au profil entrepreneurial. Elle poursuit les actions de DAM à temps plein, bénévolement lors de la première année. Elle s’entoure ainsi d’un réseau solide pour concrétiser son projet et établir la structure administrative de l’organisme.
Elle explique: «Grâce à ce profil, j’ai rencontré un conseiller d’Entrepreneuriat ULaval, qui a d’ailleurs été sur mon premier conseil d’administration. Il m’a présenté à mon mentor actuel et des 8 dernières années, et à la directrice de Bénévoles d’Expertise, qui a, elle aussi, rejoint le premier conseil d’administration de DAM.»
L’impact du Diplôme avant la médaille pour la communauté
La croissance du Diplôme avant la Médaille et ses retombées sont significatives. On observe que 93 % des élèves-athlètes réussissent leur année scolaire et 97 % obtiennent leur diplôme d’études secondaires ou poursuivent leurs études en vue de l’obtenir, et ce, grâce au sport. Véritable motivateur de réussite, cette initiative permet aussi de favoriser le sentiment d’appartenance tout en encourageant l’adoption de saines habitudes de vie.
Béatrice est fière d’avoir su rassembler une vaste communauté motivée par des valeurs communes d’entraide, de partage et de coopération. À ce jour, DAM compte 188 entraîneuses et entraîneurs et plus de 844 tutrices et tuteurs bénévoles. DAM offre aussi des conférences inspirantes et des récompenses qui prennent plusieurs formes. L’impact social de l’organisme est considérable au sein de la communauté: DAM compte 5 écoles partenaires dans les régions de Québec et de Lévis et accompagne annuellement 1000 jeunes. En soutien à la forte croissance de son service, l’organisme bénéficie à ce jour d’un financement de plus d’un million de dollars.
Des ambitions grandissantes
Béatrice et son équipe voient grand. Au cours des prochaines années, ils ont l’ambition d’étendre leur offre au sein de plus d’écoles de la région, mais aussi dans d’autres régions administratives du Québec, notamment Montréal.
Parce qu’en plus des troubles d’apprentissage scolaire, les jeunes sont aussi confrontés à des difficultés psychosociales. «Nous souhaitons répondre aux besoins de davantage de jeunes et diversifier notre bassin d’entraîneurs sportifs et de tuteurs bénévoles», explique madame Turcotte Ouellet.
Un leadership reconnu
La jeune fondatrice et directrice générale a reçu plusieurs honneurs qui reflètent son leadership, ses valeurs humaines et son engagement communautaire. Soulignons notamment le Coup de cœur 2020 des Prix Reconnaissance Jeunesse qui lui a été octroyé par le gouvernement du Québec et le concours Jeune Personnalité d’Affaires de la Jeune Chambre de Commerce de Québec qu’elle a remporté dans la catégorie «Social et communautaire». L’organisme s’est aussi distingué en remportant le Prix Hommage Bénévolat décerné par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.