Tableau L’atelier de peinture de l’École des beaux-arts de Québec d'Edmund Alleyn

Restauration d’une oeuvre d’Edmund Alleyn grâce à la générosité d’un grand philanthrope

Une chronique de Valérie Boulva

Au mois d’avril 2022 a commencé la restauration depuis longtemps espérée d’une œuvre de jeunesse du Québécois Edmund Alleyn, artiste multidisciplinaire présent dans les principales institutions muséales du Québec et du Canada. Ce travail de longue haleine a pu être entrepris grâce à la générosité d’un grand philanthrope, ami de la Bibliothèque et amoureux des arts, M. Hans-Jürgen Greif, professeur émérite de l’Université Laval. Sensible à l’importance artistique, patrimoniale et historique de l’œuvre, ce donateur a souhaité contribuer à sa remise en état. En effet, la surface picturale de la toile est non seulement poussiéreuse, mais elle présente aussi quelques déchirures et égratignures qui rendaient nécessaire l’intervention d’un restaurateur professionnel.

 

Le tableau en train d’être emballé pour son transport vers l’édifice de la Fabrique.

 

La restauratrice

Chargée de ce travail minutieux, Mme Annick Tremblay détient, depuis 2020, une maîtrise de l’Université Queen’s en conservation-restauration du patrimoine et se spécialise en restauration de peintures. En 2018, elle a obtenu une maîtrise de l’Université Laval en histoire de l’art, qui lui a valu une place sur le tableau d’honneur. L’année suivante, elle a réalisé des stages pratiques en conservation-restauration des supports canevas au Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF) et au Musée des beaux-arts de Montréal. Enfin, elle a obtenu dernièrement un contrat de deux ans du Centre de conservation du Québec pour la restauration de la chapelle du Musée de l’Amérique francophone.

La restauration du tableau se fera en collaboration avec l’équipe de l’École d’art dirigée par Georges Azzaria, celui-ci ayant généreusement accepté d’accueillir dans ses murs l’œuvre et sa restauratrice. Ceci, non seulement par esprit de collaboration, mais également pour que les étudiants de l’École puissent suivre les diverses étapes du travail de restauration et mieux appréhender les rouages de ce métier. Annick Tremblay leur ouvrira donc la porte de l’atelier à certains moments clés et pourra répondre à leurs interrogations. L’admission dans un cursus de restauration exige une grande dextérité et favorise donc les étudiants diplômés en arts visuels. Elle nécessite aussi l’acquisition de connaissances scientifiques poussées, en chimie par exemple. Il ne fait aucun doute que le contact avec une jeune restauratrice de talent (et avec une telle œuvre) pourrait inspirer certains des étudiants de notre établissement.

 

Installé dans un local de l’École d’art, le tableau doit d’abord être photographié sous tous ses angles et sous différents éclairages, avant le début du traitement proprement dit.

 

Edmund Alleyn, L’atelier de peinture de l’École des beaux-arts de Québec

Créée entre 1952 et 1954, au cours de la formation de l’artiste Edmund Alleyn à l’École des beaux-arts de Québec (ÉBAQ), cette huile sur toile de 123 cm sur 214 cm représente l’atelier partagé par le jeune peintre et ses collègues. Témoin des débuts de la pratique de l’artiste comme de l’histoire de l’enseignement des arts à Québec, elle permet notamment de constater l’évolution stylistique d’Alleyn. Un œil curieux y cherchera l’influence de ses professeurs Jean Paul Lemieux et Jean Dallaire, peut-être d’un Jean Soucy ou d’un Benoît East, qui peignent et enseignent aussi à l’ÉBAQ à la même époque.

La toile n’a probablement jamais été exposée en dehors de l’École des beaux-arts de Québec. En 1970, l’ÉBAQ est fermée et remplacée par l’École des arts visuels de l’Université Laval, dont le premier directeur est Omer Parent. Tout comme les autres œuvres des collections de l’ÉBAQ déplacées vers le campus, celle de Alleyn est oubliée entre moulages en plâtre et animaux naturalisés. Enfin, en 1979, elle rejoint les réserves des collections. Où, quand et comment se sont produits les heurts ayant rendu sa restauration nécessaire ? Nous l’ignorons. Le fait est que cette toile avait besoin de soins. La grande générosité de M. Hans-Jürgen Greif permet maintenant à la Bibliothèque, soucieuse de s’impliquer dans la préservation du patrimoine artistique de l’Université, de faire le nécessaire pour les lui prodiguer.

Et après ?

L’œuvre pourra être exposée à l’Université, puis prêtée aux institutions muséales qui en feront éventuellement la demande. Le projet de catalogue raisonné dirigé par la fille d’Edmund Alleyn devrait également permettre de faire connaître l’œuvre restaurée et de lui redonner sa juste place au sein du corpus de jeunesse de l’artiste, dont une partie est déjà visible sur le site Internet qui lui est consacré.

Enfin, je souhaite souligner qu’il s’agit là d’un excellent exemple des projets que nous pouvons réaliser au fil du temps, grâce au soutien indispensable de nos donateurs et de la Fondation de l’Université Laval. D’autres œuvres d’art d’un grand intérêt historique et artistique attendent leur tour, dont ces deux portraits assombris par le temps du capitaine François Boucher et de son épouse (entre 1790 et 1795), attribués à Louis-Chrétien de Heer et similaires à ceux du Musée national des beaux-arts du Québec. Leur restauration permettrait l’analyse comparative, faisant ainsi avancer la connaissance des peintres de cette période à Québec.

Nos portraits du capitaine François Boucher et de son épouse, attribués à Louis-Chrétien de Heer.

 

Comme la première campagne victorieuse de Barack Obama qui a été financée par un grand nombre de micro-dons, souvenons-nous que la répétition et la régularité des gestes de générosité, aussi dérisoires puissent-ils sembler, finissent toujours par produire un effet positif.

Vous souhaitez connaître les prochaines étapes de la restauration ?

Visitez régulièrement le compte Instagram des collections et celui d’Annick Tremblay. Au cours des prochains mois, on y publiera des photographies et vidéos du processus en cours

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