Les collections d’objets et de spécimens de l’Université Laval
Chronique de Valérie Boulva
Chose promise, chose due : comment s’organisent les journées aux réserves? Je dois diviser ma réponse en deux parties, puisque ma collègue technicienne en muséologie Marie-Isabelle de Melo et moi-même accomplissons généralement des tâches assez différentes.
Le travail de la technicienne en muséologie
Commençons par Marie-Isabelle : à son arrivée en mars dernier, il a fallu commander de nombreux équipements, outils et matériaux spécialisés en conservation préventive, car il n’y avait jamais eu de technicienne en muséologie avant elle aux collections de l’UL. La mise en réserve, l’exposition, le dépoussiérage et le transport des objets requièrent une grande quantité de matériaux et d’outils variés. Plusieurs semaines ont été nécessaires pour trouver les meilleurs fournisseurs, évaluer l’épaisseur ou la densité idéale pour tel ou tel matériau, calculer les quantités nécessaires pour chaque projet.
Nous évaluons ensemble les collections à traiter en priorité, selon leur valeur et leur état de conservation. Certaines sont plus exigeantes que d’autres, parmi lesquelles figurent les collections organiques. Composées de matériaux comme les cuirs et fourrures, les tissus naturels, le bois et ses dérivés, elles sont plus sensibles aux diverses menaces détaillées dans ma dernière chronique : lumière, température et humidité relative, pollution, infestations, manipulation. Il faut non seulement les traiter, mais aussi les surveiller régulièrement.
Étant donné qu’une partie de la collection inuite, offerte à l’Université par M. Bernard Saladin d’Anglure et exposée à la Bibliothèque quelques semaines à peine avant la pandémie, allait bientôt partir vers le musée Château Ramezay à Montréal, nous avons priorisé le traitement de cette collection. Cela impliquait de vérifier l’état de chaque item et de créer ou d’améliorer sa mise en réserve. Par exemple, le papier de soie utilisé pour bourrer les vêtements afin d’éviter leur déformation peut devenir acide ou se tasser. Il faut alors le changer ou en ajouter. En ce qui concerne les objets partant en exposition à l’extérieur, Marie-Isabelle les prépare pour le transport afin qu’ils arrivent en parfait état à destination et remplit des constats d’état pour chacun. Ces documents (un pour chaque objet prêté) sont composés d’une fiche technique accompagnée de photographies annotées, sur lesquelles les dommages repérés sont indiqués précisément, le cas échéant. Cela informe l’emprunteur et nous permet de savoir si l’objet est dans le même état à son retour qu’à son départ de l’Université.
Le prochain gros projet concerne la collection de vitraux médiévaux, dont la plus grande partie a été offerte par MM. Jean-Guy et Claude Violette. Il s’agit de les rassembler dans des meubles consacrés à la conservation et de changer leurs supports de mousse afin d’éviter les pertes, bris et déformations, mais également la corrosion des plombs causée par la conjugaison d’une humidité ambiante parfois élevée et des vapeurs acides dégagées par les matériaux qui les entourent et les maintiennent. Vu le nombre de pièces et de fragments qui composent cette collection, ce sera un travail de longue haleine!
Mes tâches de chargée de conservation et de préservation
Mon quotidien est assez différent de celui de Marie-Isabelle et en même temps, très proche. L’essentiel de mon travail est intellectuel (réflexion sur les enjeux, rédaction, recherche, gestion, organisation), mais il se trouve ponctué de tâches matérielles directement liées aux objets, à leur examen ou à leur manipulation.
Évidemment, je passe plus de temps devant mon ordinateur que Marie-Isabelle, pour gérer les demandes d’accès aux collections, répondre aux institutions partenaires auxquelles nous prêtons des objets pour leurs expositions, faire le suivi des offres de don, rédiger documents de travail et rapports, collaborer avec nos collègues de la Bibliothèque ou de l’Université. Étant responsable de l’organisation générale du travail dans les collections, j’établis les priorités de traitement et je gère aussi l’emploi du temps des stagiaires et employés contractuels. Mais comme nous formons une toute petite équipe, je participe aussi activement au travail dans les réserves: réorganisation des espaces, déplacement ou rassemblement de collections disciplinaires, dépoussiérage d’objets avant leur départ en exposition. Je réalise aussi parfois l’inventaire des nouvelles acquisitions : attribuer un numéro à chaque nouvel objet, le décrire et le photographier, puis lui trouver un emplacement permanent et noter celui-ci avec précision dans la base de données.
J’accueille les groupes d’étudiants en muséologie ou en patrimoine, mais également les chercheurs. Les accompagner dans les collections qui les intéressent me permet de mieux apprivoiser celles-ci, et je plonge régulièrement dans nos archives, que ce soit pour connaître l’histoire des différentes collections et donations ou pour rédiger les textes accompagnant les photographies publiées sur le compte Instagram des collections.
En fait, aucune journée ne ressemble à une autre! Certains dossiers exigent des mois de travail et de collaboration, d’autres sont réglés en une heure, une journée ou une semaine. Il faut savoir interrompre sans perdre le fil des travaux de longue haleine pour accomplir certaines tâches plus ponctuelles ou urgentes. Bref, s’adapter aux besoins des objets et à ceux des personnes qui s’y intéressent.
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